Vos Excellences,
les Consuls généraux de Jérusalem,
Chers prêtres, religieux et fidèles,
La paix soit avec vous!
“Non est hic, surrexit enim sicut dixit”(Mt 28,6). Al Masih kam, hakan kam
“Il n’est pas là ! Il est ressuscité comme il l’a dit” (Mt. 28, 6)
Nous voici de nouveau devant le Tombeau vide du Christ – le cœur de notre foi et de notre communauté chrétienne.
Il est de tradition, ici en Terre Sainte, qu’au début d’un nouveau chemin ecclésial, nous nous retrouvions en ce Lieu Saint, pour commémorer Pâques, quelle que soit la période de l’année liturgique. Il ne peut y avoir de prélude, d’initiative ecclésiale, de projet cohérents en dehors de la lumière pascale. “Faire Pâques” signifie donner sa vie par amour. Et cela est particulièrement vrai pour notre Église de Jérusalem qui a la vocation et la mission spécifique, précisément de vivre à la lumière de Pâques. Dans le livre de l’Apocalypse que nous lisons ces jours-ci, la ville de Jérusalem n’a pas besoin de la lumière du soleil car “sa lumière c’est l’Agneau” (Ap. 21 :23)
Je souhaite donc aujourd’hui, moi aussi, célébrer cette Pâques avec vous : en ce Lieu Saint, je demande à Dieu de me donner la force, le courage et la constance de donner vie à cette Église, de l’aimer et de la conduire avec patience dans un esprit paternel.
Ce n’est pas la première fois que je viens sur ce Tombeau pour commencer un nouveau service pour cette Église, où je suis arrivé comme prêtre fraichement ordonné il y a 30 ans.
Après plusieurs années d’études et de service, qui m’ont permis de mieux connaître ce pays, j’ai commencé ici mon service en tant que Custode de Terre Sainte. Service qui m’a amené à mieux connaître la réalité de l’Église Mère de Jérusalem, à expérimenter la grâce des Lieux Saints et à comprendre les besoins des frères.
Je suis ensuite revenu au Saint-Sépulcre d’abord pour commencer, puis pour remercier Dieu de sa fidélité au cours de ces quatre dernières années au service de l’Église de Jérusalem en tant qu’administrateur apostolique. Des années intenses et difficiles, mais aussi riches d’extraordinaires expériences dans l’Église.
Et au moment où je pensais qu’il était temps de partir, d’ouvrir un nouveau chapitre, le Seigneur, par l’intermédiaire du Saint-Père, le Pape François, m’a ramené ici, et m’appelle à nouveau à célébrer Pâques ici … avec vous.
Nous cheminons ensemble avec un Dieu que nous connaissons, vers un avenir que nous ne connaissons pas. Un avenir incertain, surtout à notre époque, peut susciter la peur et l’anxiété. Confions-nous donc au Dieu connu et révélé par Jésus, pour trouver consolation et réconfort. Souvenons-nous de nos histoires collectives et individuelles, et rappelons-nous combien nous avons déjà expérimenté la fidélité de Dieu envers nous. Faire mémoire est essentiel pour construire un pont entre notre présent plein de soucis et d’appréhensions et l’avenir plein d’espérance que nous trouvons dans le Dieu révélé et rencontré en Jésus.
En faisant mémoire de ces dernières années, je reconnais vraiment que le Seigneur m’a guidé et accompagné dans de nombreuses décisions que je n’aurais jamais prises seul. Et parfois, il a dû attendre patiemment que je quitte les chemins tortueux de mon cœur pour revenir à Lui.
Nous pouvons dire la même chose de notre Église. Malgré nous, malgré tout, le Ressuscité nous a guidés et nous attendait, patiemment et fidèlement, sans nous laisser tenter au-delà de nos forces (cf. 1 Co 10,13). Et Cela nous amène aujourd’hui, ici, ensemble, à reprendre notre chemin, car nous allons repartir d’ici renouvelés, dans l’enthousiasme et dans la joie. Comme Pierre au lac de Tibériade, ayons confiance en la Parole de Dieu et jetons nos filets (cf. Lc 5, 5). Commençons ensemble notre nouveau service pour l’Église de Jérusalem avec Foi et confiance.
Bien sûr, je ne peux m’empêcher d’avoir une certaine peur face à une mission qui dépasse mes capacités. Mais j’accepte cette nouvelle obéissance, que je souhaite accomplir dans la joie. C’est aussi, d’une certaine manière, une croix, mais la croix porte les fruits du salut chaque fois qu’elle est accueillie dans la joie. La Croix du Fils de Dieu, élevée à quelques mètres d’ici, donne un sens à toutes les croix du monde.
Je sais que je ne suis pas seul. Sans la collaboration de ses prêtres, des religieux et de ses fidèles, l’évêque ne pourrait pas conduire son troupeau et ne serait pas à l’image du Bon Pasteur. Aujourd’hui, vous êtes avec moi, peut-être pas aussi nombreux que nous l’aurions souhaité, mais je sais que de différentes parties du diocèse et du monde, de nombreux fidèles et pèlerins de notre diocèse et d’ailleurs sont unis avec nous dans la prière, et c’est dans cet esprit que nous nous trouvons en tant qu’Église, Église mère de Jérusalem.
Les attentes à l’égard de notre communauté ecclésiale pluri forme sont nombreuses et touchent spécifiquement à la vocation et à la mission de notre Église. Nous devons trouver un nouvel élan pastoral qui tienne compte des différents territoires et cultures, mais qui soit aussi capable de tous nous unir. Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes économiques et sociaux, aggravés par la pandémie actuelle. Nous espérons une politique claire et pacifique, et non des propositions fragiles et à court terme mais qui affectent profondément la vie de toutes nos familles. Nous espérons approfondir les rencontres avec les églises sœurs, nos frères musulmans et juifs. Vivre à la lumière pascale signifie aussi savoir dire à tous et témoigner par sa vie de l’espérance chrétienne.
Chers frères et sœurs, je vous invite à prier pour moi et pour notre Église bien-aimée de Jérusalem, afin que je puisse la guider, la servir et l’aimer d’un cœur sans partage. Je n’ai pas le “don des langues” (1Cor. 13 :8), mais je vous assure de mon désir sincère de toucher le cœur de tous, et en particulier celui de ceux qui sont en difficulté et dans le besoin en cette période.
De ce lieu saint, le Seigneur ressuscité nous rappelle les paroles qu’il a dites aux femmes le jour de la Résurrection : ” Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères… ” (Mt. 28 :10). Laissez-nous séduire par ce message toujours d’actualité. Ce sont les paroles du Christ ressuscité et elles doivent toujours résonner dans nos cœurs. Nous ne sommes pas seuls, ni orphelins, nous ne devons pas avoir peur. Nous sommes sûrs que le Seigneur ressuscité nous remplira à nouveau de son Esprit et fera de nous des témoins audacieux de son amour sur sa terre.
+ Pierbattista