Le père Prospero dans notre tradition carmélitaine

Tout d’abord, je voudrais vous dire combien il est important d’être un carmélite séculier sur cette terre. La terre où est né notre Sauveur. Comme il est important de vivre avec les gens dont il est né, et aussi vivre près du Mont Carmel, près de Wadi es Siah, près du lieu de naissance de l’Ordre. Dans cette vallée, les ermites latins du mont Carmel reçurent leur règle et, après un certain temps, furent connus comme les frères de la Sainte Vierge Marie du Mont Carmel.

Saint Albert, patriarche de l’époque, résidant à Akko, fut celui qui, au début du XIIIe siècle, écrivit la règle pour les ermites. Avec la règle leur vie érémitique devint de type cénobitique. Ils se réunissaient tous les jours pour partager la messe dans l’église. Une église assez grande fut construite près des cellules des frères et cette église fut dédiée à la Vierge Marie du Mont Carmel. Le Carmel séculier sur le mont Carmel devrait être témoin de la vitalité de l’Ordre. Parce que les racines de l’Ordre sont ici et un arbre pousse haut s’il est relié à des racines fortes et profondes

Le Carmel séculier ici à Stella Maris rappelle aux carmes et aux carmélites du monde entier qu’ici sont leurs origines, sur cette terre biblique, la terre de l’alliance entre le Dieu d’Israël et les patriarches, les prophètes et le peuple d’Israël. La terre de Jésus-Christ, l’alliance nouvelle et éternelle. La terre de la Sainte Vierge Marie du mont Carmel, la terre de notre père saint Elie qui a renouvelé l’alliance au Muhraka, sur le Mont Carmel.

Le Carmel séculier qui vit ici devrait encourager les Carmes du monde entier à garder en sécurité l’endroit où l’Ordre est né, à visiter l’endroit et ensuite à boire l’esprit authentique de l’Ordre près de la fontaine Saint-Élie au Wadi es Siah.

Il n’existe pas d’autre Ordre, mouvement religieux chrétien ou autre qui ait l’honneur et la responsabilité d’être né en cette terre sainte. Les Carmes font partie de cette terre, des gens qui y vivent. Les carmes se sentent chez eux ici et les habitants se sentent comme chez eux dans nos monastères de Stella Maris et Muhraka situés au début et à la fin du Mont Carmel. La Vierge du Mont Carmel et notre Père saint Elie sont très aimés et vénérés ici.

Il est très important pour le Carmel séculier local de découvrir avec l’inspiration de l’Esprit Saint l’action de Dieu sur cette terre et avec ce peuple dans le temps présent. Nous devons suivre l’événement sous la direction de l’Esprit et partager avec Jésus-Christ pour vaincre les forces du mal afin que le Royaume de Dieu l’emporte et que Satan soit vaincu.

Nous devons avant tout rester unis sous la direction de l’Église catholique. Unité signifie force. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser nos différences de langue, de race et de nationalité détruire notre unité fondée sur Jésus-Christ.

L’action de Dieu sur cette terre est source d’inspiration dans notre vie. C’est le centre de notre spiritualité. Une spiritualité incarnée dans notre vie quotidienne et dans les événements significatifs pour l’humanité. Ce type de spiritualité, connue par certains chercheurs comme la lecture des signes des temps, devrait être la lampe qui éclaire le chemin à suivre.

Revenons à notre Ordre des Carmes. Il n’y a aucun doute que la croissance de la vie carmélite sur le Mont Carmel au début du XIIIe siècle a été inspirée par la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel et par notre père Saint Elie. Cette première expérience spirituelle a été gravée dans la mémoire collective des carmes.

Chaque carme, chaque carmélite désire revenir en ce lieu. Il n’est pas possible pour tous de venir ici physiquement mais spirituellement. Le Mont Carmel n’est pas seulement une montagne physique mais aussi spirituelle. Chaque carme se propose de monter cette sainte montagne jusqu’à son sommet. C’est là que réside la gloire de Dieu.

Le Mont Carmel nous parle aussi de notre mère spirituelle sainte Thérèse d’Avila et de notre père saint Jean de la Croix. Tous les deux ont fait leur chemin spirituel au mont Carmel pour renouveler et restaurer leur vie. Tous les deux sont considérés comme les plus grands maîtres de la vie spirituelle et mystique dans le christianisme.

Notre mère Ste Thérèse aimait imaginer ces vénérés pères sur le mont Carmel, qui, dans le silence et la solitude, recherchaient la marguerite précieuse : la contemplation. Ils cherchaient d’être en présence de Dieu comme leur père spirituel saint Elie qui proclamait : «Vit le Dieu d’Israël en la présence duquel je me tiens».

Nous nous souvenons de notre père saint Jean de la Croix, guide expert des chemins spirituels, qui écrivit un livre intitulé «La montée sur le Mont Carmel», guide spirituel qui, avec une sage expérience, nous conduit jusqu’au sommet de la montagne, où réside la gloire de Dieu. Aucun arrêt n’est autorisé sur cette route : ni pour profiter des plaisirs passagers de ce monde, ni par crainte des ennemis féroces qui pourraient apparaître dans ce voyage spirituel.

Un retour spirituel et physique au mont Carmel fut réalisé au milieu du XVIIe siècle par le P. Prospero. Ce courageux frère carmélite fut le premier à revenir sur la montagne du Carmel, après 300 ans d’absence des carmes de sa terre.

En effet, on peut visiter le couvent du P. Prospero, situé derrière l’actuel phare sur le promontoire du mont. Le P. Prospero est né en Espagne et a été élevé comme carmélite à Rome. Comme ses ancêtres, il a également vécu sur cette terre avec des musulmans, des juifs et surtout des chrétiens. Il quitta parfois la solitude comme l’avait fait son père saint Elie, pour être témoin de Dieu parmi le peuple. À son retour d’un de ses voyages pastoraux d’Akko à Haïfa, il a été attaqué par un voleur et cette attaque a précipité sa mort sur le mont Carmel, où il a été enterré.

Le père Prospero était un carme exceptionnel. On peut voir son image à l’entrée de la basilique de Stella Maris. Au cours de sa vie, il a été en contact avec un chef bédouin nommé Tabary, qui contrôlait la région du mont Carmel au nom de l’Empire ottoman. Le P. Prospero a obtenu de lui la permission de rester et ensuite de construire un couvent sur la montagne, près du phare comme je l’ai dit.

Mais l’endroit où le P. Prospero a vécu dès le début, est dans les grottes, connues aujourd’hui comme la synagogue du prophète Elie, qui sont au pied du mont, non loin de la mer. Ici le P. Prospero a célébré une messe en l’honneur et en remerciement de la Vierge du Carmel. Jusqu’à présent, chaque année, le 14 juin, fête du prophète Élisée, nous célébrons une messe dans la même grotte.

En visitant la basilique de Stella Maris, on peut voir au pied du maître-autel supérieur à la grotte de Saint-Élie, de petites lumières rouges qui indiquent la gratitude de l’Ordre carmélite à la Vierge du Carmel. Ces petites lumières toujours allumées sont la reconnaissance de l’Ordre à la Vierge et Patronne.

En parlant de la basilique de Stella Maris, nous pouvons la définir comme le microcosme de l’Ordre des Carmes. Sans regarder les belles images sur la coupole de la basilique, il suffit de regarder la partie basse de l’église, pour voir les saints les plus importants liés à l’Ordre : la Vierge du Carmel, S. Joseph patron de tous les couvents carmélites , Mar Elias, S. Simon Stock qui a reçu le scapulaire de la Vierge , Sta Teresa de Ávila, San Juan de la Cruz, Sta Teresa de Lisieux, Santa Benedicta de la Cruz ( Edith Stein), Sta Mariam de Jésus Crucifié (Mariam Baouardy), P. Prospero, P. Julio, le premier curé de la paroisse latine, et d’autres encore…

Le P. Silvano Giordano, éminent érudit carmélite de l’histoire de l’Ordre carmélite, écrit dans l’introduction du livre : «Le Carmel en Terre Sainte depuis ses origines jusqu’à nos jours» les mots suivants : «En effet, comme le démontrent amplement les réflexions des carmes des premiers siècles de l’Ordre, le désir de vivre sur la terre de Jésus-Christ, l’imitation de Marie sa Mère et le zèle de la gloire de Dieu, vécus dans l’esprit du prophète Elie, ont joué un rôle important dans la définition de l’identité carmélitaine et ont continué à soutenir la vie de l’Ordre même lorsque les circonstances historiques ont rendu sa présence impossible sur le lieu d’origine».

Comme je l’ai déjà dit, cette terre et les personnes qui l’habitent sont le milieu naturel, humain et spirituel de l’Ordre Carmélite où grandir, en restant fortement liés à ses racines. Demandons à l’Esprit Saint de guider les carmélites sur la terre de leurs origines et aussi des origines de l’Eglise.

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